La chronique de la dame athée

8 novembre 2000

      Quoi de plus évident pour démarrer cette chronique que de commenter l'article de journal (Ouest-France 28-09-2000) présentant la conférence de M. Jacques Duquesne ayant eu lieu le 3 octobre 2000 à Rennes. Conférence au titre évocateur :

      "Le XIX siècle sera t-il religieux ?"

      Il est un résumé des problèmes auxquels se heurte l'athéisme.

      M. Duquesne est un journaliste romancier. C'est aujourd'hui un administrateur de journal. Il est l'auteur de deux excellents romans "Marie Vandamme" et "Catherine Courage" où il campe des héroïnes issues d'un milieu populaire, fortes et courageuses ; des thèmes romanesques et très positifs.

      Après, cela se gâte : il est également l'auteur de "Jésus" et de "Le Dieu de Jésus". Cela dit, que son inspiration prenne une orientation que je ne puis suivre ne pose pas de problème ; chacun son itinéraire.

      Il n'en est pas de même pour la phrase lue dans cet article et qui lui est attribuée :

      "... si l'on considère ce siècle, on voit disparaître toutes les utopies qui ont voulu remplacer les religions : le nazisme, le communisme, le scientisme ...".

      Voir mettre sur un même plan trois concepts si différents est atterant. Qu'ont donc en commun le scientisme, le communisme et le nazisme ?
      Le scientisme n'a jamais été un mouvement politique. Il n'a encore moins imposé une dictature. Il n'a jamais interdit d'appeler "dieu" ce que l'on ne pouvait expliquer. Il en résulte simplement que "dieu" est inexplicable et par conséquent ne peut correspondre à l'idée que s'en font les religions. "Dieu" est en quelque sorte "hors dogme".
      S'il est admis que le scientisme et le communisme font reposer leurs théories sur l'athéisme, il n'en est pas de même pour le nazisme. En ce qui concernait les femmes, il leur recommandait les trois K : "Kinder, Küche, Kirche" (Enfants, Cuisine, Eglise). On a vu mieux comme athéisme forcené.
      Enfin, surtout, et surtout, si le "goulag" des soviétiques peut être comparé aux camps de concentration des nazis, rien n'est équivalent aux camps d'extermination des Juifs et des Tziganes. Un "détail" comme dirait l'autre, "détail" qui n'en est pas un, loin s'en faut.
      Comment peux t-on oublier les camps d'extermination ?
      Comment peux t-on placer le scientisme et même le communisme sur le même plan que cette abomination, l'holocauste ?
      Il en résulte une banalisation dangereuse qui ne peut qu'encourager le négationnisme.
      Les grands mots et les grandes phrases ne sont pas le genre de la maison, aussi plutôt que d'évoquer le "devoir de mémoire", je laisse la parole à Jean Ferrat.

       On me dit qu'à présent, tous ces mots n'ont plus cours,
       Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour,
       Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire,
       Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare.

       Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter,
       L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été,
       Je twisterai les mots s'il fallait les twister,
       Afin que les enfants sachent qui vous étiez.

       Nuit et brouillard (extrait)              Jean Ferrat


       A suivre ...

      La dame athée 08 novembre 2000