Livres

2 février 2001
Histoire de l'athéisme
par
Georges Minois
Fayard, 1998.


Dieu est mort au XIXème siècle, dit-on. Mais dès le IVème siècle avant notre ère, Théodore l'Athée proclamait qu'il n'existait pas. L'athéisme est aussi vieux que la pensée humaine. Depuis les origines de l'humanité, il est l'une des grandes façons de voir le monde, un monde où l'homme est seul face à lui-même et à la nature aux règles immuables. L'histoire de l'athéisme n'est donc pas le simple négatif de l'histoire des croyances religieuses : c'est celle de tous les hommes – sceptiques, libres-penseurs, libertins, déistes, agnostiques, matérialistes – qui ont cherché à donner un sens à leur vie en dehors de toute foi religieuse.
A l'instar des religions, l'athéisme est pluriel : au fil des siècles, il a pris des formes différentes, successives et simultanées, parfois antagonistes : athéisme de révolte contre l'existence du mal, contre les interdits moraux ou contre la limitation de la liberté humaine ; athéisme spéculatif dans les périodes de crise de valeurs ; athéisme confiant de Hegel et de Marx ; athéisme volontaire de Nietzche ; athéisme pessimiste et désespéré de Schopenhauer ; athéisme ambiant de notre époque où la frontière entre croyants et incroyants semble de plus en plus floue.

Georges Minois, professeur d'histoire et historien des mentalités religieuses, a écrit de nombreux ouvrages sur la culture occidentale. Il est l'auteur, entre autres, de L'Eglise et la science, histoire d'un malentendu (2 tomes), L'Eglise et la guerre, Histoire du suicide.

Cet ouvrage, référence pour les athées, complète utilement la collection très restreinte des travaux consacrés à l'histoire de l'athéisme. En plus des athées célèbres, l'auteur présente les « athées de village » souvent regroupés en sociétés populaires. Souvent discrets, ils furent le noyau sans lequel ne put probablement pas se propager l'élan anticlérical au XIX siècle. Par ailleurs, il met au jour un aspect mal connu de l'athéisme en Bretagne depuis la Révolution française. On y apprend entre autre, qu'Emile Combes inaugura en 1903, face à l'église de Tréguier, une statue d'Ernest Renan, en présence d'une foule qui scandait : « A bas la calotte ! » et chantait :

Viens, père Combes, viens,
Ah ! Viens à Tréguier,
Pour chasser les curés !