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10 novembre 2000

Un petit poème de François-Marie Robert-Dutertre (1815-1898)
libre penseur et anticlérical notoire dans la Mayenne sous le Second-Empire.


Les grenouilles de bénitier et les crapauds de sacristie.

Friandes d'eau bénite, auprès des bénitiers,
On entend coasser d'insipides grenouilles
Qui débauchaient jadis, en guignant leurs dépouilles
De jeunes batraciens sous les ombreux sentiers.

Aujourd'hui qu'elles ont une face ridée
Et que tous leurs amours se sont bien refroidis.
Elles n'ont qu'une envie et qu'une seule idée,
C'est d'aller coasser aux lacs du paradis.

Quelques êtres grincheux, jésuites malins,
Sans avoir aucun droit et sans le moindre titre,
Se faufilant partout par leurs airs patelins,
Prétendaient diriger l'évêque et son chapitre.

Or, le bon peuple hait l'œuvre de Loyola,
Mais il veut qu'on respecte et le culte et l'hostie
Et, sachant venimeux tous ces batraciens-là,
Il les a surnommés crapauds de sacristie.

F.M. Robert Dutertre